Museum week jour 1 #Ensemble avec les machines

Ce premier jour questionne notre rapport aux technologies d'hier et d'aujourd'hui

La « Museum week » ou « Semaine des musées » célèbre sa 12e édition. Chaque année, c’est l’occasion pour les musées du monde entier de se réunir en ligne pendant une semaine, chaque jour, autour de thèmes communs.

Pour la deuxième année consécutive, nous avons donné la parole aux équipes des musées municipaux (musée des Années 30, musée Paul Landowski, musée Paul Belmondo). Quelles œuvres attisent leur curiosité ? Pourquoi ? Que leur font-elles ressentir ? Quels projets sont préparés dans l’ombre ? Par qui, pour qui ? Cette semaine, découvrez nos musées par ceux qui les font vivre au quotidien !

Ce premier jour a pour thème #EnsembleAvecLesMachines et questionne notre rapport aux technologies, y compris les plus récentes comme l’Intelligence Artificielle. Partons à la rencontre de Chloé, chargée des ressources documentaires, pour comprendre celles qui sont déjà utilisées dans nos musées, puis de Claire, chef du service de la conservation, qui nous rappelle que ces problématiques sont intemporelles.

 

Un nouveau portail documentaire pour l’avancée de la recherche scientifique

Dans le cadre de l'enrichissement et de la valorisation des ressources documentaires des musées municipaux, Chloé, responsable de ces collections, a joué un rôle clé dans le développement d'un nouveau portail documentaire. Ce projet, lancé lors de la Nuit des Musées le 17 mai dernier, vise à offrir un accès élargi à des ressources souvent difficiles d'accès, tant pour le grand public que pour des publics spécialisés : chercheurs, étudiants et professionnels du marché de l'art …


Portail documentaire des musées

Le portail, qui a nécessité plusieurs mois de travail, améliore la consultation des documents, qui n’étaient auparavant disponibles qu’en basse définition. Il permet d’offrir une expérience proche de celle d’un livre, avec la possibilité de feuilleter les pages. De nouvelles fonctionnalités avancées sont également proposées comme le zoom, la recherche en « plein-texte » ou des tables des matières automatiques. Deux fonds sont aujourd’hui disponibles en ligne : des albums en lien avec l’œuvre du décorateur Jacques-Émile Ruhlmann et des documents inédits sur l'Exposition internationale des arts décoratifs de 1925, dont le centenaire est célébré cette année. D’autres viendront l’enrichir dans les prochains mois : cartes postales, carnets de croquis …

Chloé souligne l'importance des nouvelles technologies, notamment l'océrisation, « qui utilise l'Intelligence Artificielle pour extraire automatiquement des mots de documents manuscrits ou imprimés ». Cela facilite le travail des chercheurs en leur permettant de naviguer plus facilement à l’aide des tables des matières et d'effectuer des recherches par mots-clés. Elle précise toutefois que ces outils ne s’utilisent pas sans défis, la numérisation nécessite un contrôle de qualité rigoureux et parfois des corrections manuelles.

Motivée par la valorisation de ces ressources, Chloé considère la mise en ligne du catalogue général de l'Exposition de 1925 comme une étape marquante, « ce document inédit en ligne contribue à faire du musée des Années 30 un fonds et un lieu de référence pour cet évènement fondateur de l’Art déco ». Ce portail documentaire représente ainsi une avancée significative dans le soutien à la recherche scientifique et à la visibilité des collections des musées.

 

André Devambez, Station de métro Place Pigalle, 1936-1937


André Devambez, Station de métro Place Pigalle, 1936-1937. Domaine public. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Thierry Ollivier.

Cette discrète huile sur carton pourrait facilement passer inaperçue aux côtés des grandes toiles exposées sur les murs du musée des Années 30. Pour Claire, c’est justement sa petite taille qui incite à s’en approcher. Sur l’un des quais de la station de métro Pigalle (on en devine le nom inscrit dans la partie supérieure du grand panneau publicitaire qui occupe le centre de la composition), une foule affairée attend le métro. Assis ou en mouvement, des femmes, des hommes et des enfants sont saisis sur le vif par l’artiste qui place son regard à la hauteur du quai. Les tons sont plutôt sombres en dehors du rouge vif du fond des panneaux publicitaires et l’ocre mordoré du bord du quai.

Le métro parisien mis en service pour l’Exposition universelle de 1900 a fasciné l’artiste durant toute sa carrière. Il y travaille sur le motif pendant près de 30 ans, fréquentant assidument les stations de métro au point qu’il finit par obtenir une carte lui permettant de s’y promener à l’envie et de croquer de petites saynètes telle que celle-ci. Claire souligne le choix original de l’artiste, qui a représenté « une foule empressée attendant la machine plutôt que la machine elle-même », en fait « il s’intéressait plutôt au microcosme des utilisateurs, à leur diversité et à leurs spécificités qu’au métro lui-même ».

Ce rapport et cette fascination pour les machines ne date donc pas d’hier. Pour Claire, « cette scène de la vie quotidienne des Parisiens, peinte vers 1936-1937, n’est pas si différente de la représentation qu’on pourrait en faire aujourd’hui ». Lors de l’exposition consacrée à André Devambez organisée au Petit-Palais à Paris en 2022, plusieurs de ces petites œuvres sont esquissées sur le motif ayant pour sujet les quais du métro parisien étaient présentées côte à côte permettant ainsi de comparer les angles de vue et cadrages choisis par l’artiste : « rien n’a vraiment changé, la foule est toujours aussi compacte sur les quais du métro parisien, la publicité omniprésente, les utilisateurs de la machine, pressés… ».