Fenêtre sur le monde : en Guinée, les artistes entament un voyage au fil de l’eau

Avec Raymonde Heudebert, laissez-vous porter par la traversée d’une rivière, entre mouvements de l’eau et scène du quotidien

Cet été, découvrez des paysages lointains à travers l'œil des peintres voyageurs : après le Vietnam, direction l’ouest de l’Afrique.

Dans Traversée d’une rivière en Afrique, la peintre Raymonde Heudebert (1905-1991) nous transporte sous le soleil guinéen, au cœur d’une scène quotidienne. Des personnages traversent un cours d’eau peu profond. Certaines portent des paniers, d’autres ont également des enfants noués dans leur dos. Un troupeau d’ânes lui aussi s’engage dans la traversée, tandis qu’au loin, une barque, peut-être occupée par des pêcheurs, dérive. Le vert y domine, doux et trouble, comme une lumière filtrée par l’eau de la rivière. L’atmosphère de la peinture est paisible. Ce cours d’eau suit les rythmes du quotidien : lieu de passage, lieu de vie, où l’eau unit les gestes, les corps et les temporalités. C’est une fenêtre intime sur la vie quotidienne en Afrique avec une sensibilité tout en nuances.

Raymonde Heudebert, Traversée d’une rivière en Afrique, vers 1931 © Adagp, Paris, 2024. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo CP.

Raymonde Heudebert, élève de Maurice Denis et de René Ménard, séjourne quelques mois en Afrique de l'Ouest à la fin des années 1920, invitée par des amis qui dirigent une bananeraie en Guinée. Elle y peint des scènes locales caractérisées par des couleurs tendres, une absence de détails et des représentations stylisées. Elle ne cherche pas à idéaliser le quotidien : elle peint la réalité telle qu’elle la voit, avec sa simplicité et sa part de poésie.

En contemplant Traversée d’une rivière en Afrique, il est très facile de s’imaginer le clapotis de l’eau autour des chevilles des voyageurs et la chaleur enveloppante de l’air.

Raymonde Heudebert rapporte quarante œuvres de son voyage en Guinée, qu’elle expose à son retour dans des galeries parisiennes et notamment à la galerie Bernheim en 1931. Ses peintures rencontrent un succès considérable jusqu’aux États-Unis, où elles sont également exposées.

Poursuivez votre découverte de l’Afrique de l’ouest, au Bénin cette fois-ci, Autour d’un puits au Dahomey avec Jean Bouchaud, au 2ème étage du musée des Années Trente.

 Anaïs Hassani
Stagiaire au musée des Années 30