Napoléon vu par Abel Gance

A l'occasion de la diffusion du film à la Seine musicale à Boulogne-Billancourt les 4 et 5 juillet, découvrez le fonds d'archives conservé au musée des Années 30

C’est une année particulière pour le film Napoléon d’Abel Gance. Quasiment un siècle après son tournage aux studios de Billancourt, il a fait l’objet d’une restauration historique menée par la Cinémathèque française et sera enfin projeté en intégralité à la Seine musicale à Boulogne-Billancourt les 4 et 5 juillet 2024, accompagné par l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio France et le Chœur de Radio France. La première partie a été présentée en préouverture du festival de Cannes au mois de mai dernier.

C’est à la suite du centenaire de la mort de Napoléon en 1921 qu’un véritable intérêt voit le jour pour ce personnage historique. Dès l’année suivante, Abel Gance commence à réfléchir à un grand cycle de plusieurs films relatant la vie de Napoléon Bonaparte. Pour des raisons budgétaires, il ne réalisera que ce premier film qui retrace son parcours depuis l’école militaire de Brienne jusqu’à la campagne d’Italie.

Le tournage commence en 1925, à Boulogne-Billancourt, dans les studios créés par le réalisateur Henri Diamant-Berger au 49, rue du Point-du-Jour. Il s’agit alors d’un des studios les plus modernes d’Europe, à la hauteur des ambitions d’Abel Gance. Ce dernier confie le rôle principal à Albert Dieudonné dont l’interprétation le rendra célèbre. Le musée des Années 30 conserve un fonds d’archives témoignant de ce tournage, à commencer par le manuscrit autographe qu’Abel Gance dédicace à Nelly Kaplan, écrivaine et cinéaste qui travaillera à ses côtés sur le film Austerlitz en 1960, que certains considèrent comme le troisième volet de cette fresque dédiée à Napoléon. Un ensemble de notes et tapuscrits permettent également d’attester des premières idées du réalisateur.

   

Manuscrit autographe de Napoléon et notes par Abel Gance, AR.GA.5 et AR.GA.6 © Droits réservés. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt

Les photographies de ce fonds documentent quant à elles la vie sur le tournage, de la préparation aux accidents qui ont pu survenir, notamment des brûlures au magnésium.

       

A gauche : Abel Gance et Arthur Honegger, compositeur de la bande originale, sur le tournage de Napoléon (AR.GA.12.3) / à droite : accident de tournage (AR.GA.12.11) © Droits réservés. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt

Napoléon est salué par ses contemporains, critiques comme spectateurs et marque l’histoire du cinéma par ses ambitions et ses réussites techniques comme le triple écran ou la mobilité de la caméra.

Il aura fallu seize ans sous la direction du réalisateur et chercheur Georges Mourier pour inventorier, restaurer et monter la version intégrale dite « Grande version » de ce film de sept heures qui a marqué l’histoire du cinéma. Ce travail inédit a permis une véritable étude de l’important fonds Abel Gance conservé à la Cinémathèque française ainsi qu’à travers le monde des différentes versions existantes. Dès sa sortie en 1927, le film est présenté sous différentes formes : une « version Opéra » de 3h47, une « version Apollo » de 9h40 qui sera présentée à des professionnels et journalistes. Initialement muet (un des derniers du genre), Abel Gance en propose en 1935 et en 1971 des versions sonores, remontées. Il aurait existé au total pas moins de 22 versions différentes !


Péron René, affiche du film Napoléon Bonaparte par Abel Gance, 1935. © Droits réservés. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Philippe Fuzeau.

La « Grande version » de 2024 a ainsi été restaurée avec la volonté de s’approcher au plus près des idées du réalisateur, qui avait lui-même appelé son film Napoléon vu par Abel Gance.

Chloé Lendroit
Chargée des ressources documentaires