Un été olympique : quand le phénomène sportif est gravé dans la laque

Le laqueur-décorateur Pierre Bobot vous emmène au vert avec les Français des années 1930 faire de l’aviron ou du kayak

En 1936, le Front populaire sort victorieux des élections législatives. Son gouvernement fait alors voter la semaine de 40 heures et les premiers congés payés. Les Français ont désormais deux semaines de vacances qu’ils mettent à profit pour se mettre au vert, ce qu’illustre superbement le laqueur-décorateur Pierre Bobot (1902-1974) à travers le paravent des Plaisirs champêtres.



Pierre Bobot, Les plaisirs champêtres, 1936 
© Droits réservés, Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Henri Delage.

Huit panneaux se font ici le support d’une grande composition décorative, de 4 mètres de longueur sur 2 mètres 50 de hauteur, dédiée à cette révolution sociale. Le paysage de campagne traversé par l’eau est le théâtre d’activités sportives, touristiques et de loisirs. Les Français s’adonnent ici à de l’aviron, du cyclisme, de la natation ou encore du plongeon mais ils trinquent aussi, dansent, jouent à colin-maillard et s’installent pour camper. Les années 1930 ont fait du sport un véritable phénomène de société.



Pierre Bobot, Les plaisirs champêtres, détail, 1936 © Droits réservés, Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo PL.

Non content d’être le seul professeur de laque en France de 1934 à 1968, Pierre Bobot est également celui qui remet à l’honneur les laques dits de Coromandel. Cette technique consiste à recouvrir des planches de bois d’un fin tissu enduit d’un mélange de colle végétale et de poudre de schiste. Plusieurs couches de laque, traditionnellement noire, rouge ou brune, sont ensuite déposées en plusieurs millimètres d’épaisseur puis le décor est sculpté en creux, peint et parfois enrichi de feuille d’or. Si Coromandel est le nom d’une côte orientale de l’Inde, ces laques étaient pourtant typiquement chinois ! C’est la Compagnie des Indes orientales britannique, la première à les importer en Europe, qui les nomme ainsi.

Pierre Bobot rompt ici avec l’utilisation traditionnelle de cette technique, tant par le thème gravé dans une gamme chromatique limitée, mais vive, que par la composition en scénettes simultanées et stylisées. Il privilégie par ailleurs un fond en laque blanche à fond craquelé, laque synthétique créée par ses soins pour concurrencer les laques asiatiques très coûteuses.

Philippine Lherbette
Chargée de médiation culturelle

Retrouvez cette œuvre, et plus encore, dans le parcours Artistes, à vos marques, prêts… Partez ! présenté jusqu’au 8 septembre 2024 dans les musées municipaux de Boulogne-Billancourt.