Une Celtaquatre au pied du sapin

C’est au début du XXe siècle qu’apparaissent les premières automobiles miniatures que l’on connait aujourd’hui. Mais il faut attendre 1925 pour que les enfants découvrent sous le sapin des modèles de « petites voitures » de marques différentes.

Dans ces années 1920-1930, les différents constructeurs automobiles saisissent l’intérêt de ces jouets pour valoriser leur image et toucher de nouveaux consommateurs. On sait que les enfants ont le pouvoir d’influencer leurs parents dans leur choix et qu’ils achèteront eux-mêmes plus tard un véhicule, ce qui permet de fidéliser les familles.

La marque Citroën a compris la première le potentiel de ces automobiles miniatures, dont elle lance la production dès 1922. Elle signe un accord avec la Compagnie Industrielle du Jouet (C.I.J.) fondée par Marcel Gourdet et Fernand Migault qui les fabrique en exclusivité. C’est un succès immédiat. Un département dédié aux jouets est créé, permettant leur diffusion notamment dans les grands magasins.

Néanmoins en 1934, la marque Citroën a des difficultés financières. La Compagnie Industrielle du Jouet se tourne alors vers le constructeur Renault qui, après avoir refusé cette proposition plusieurs années auparavant, accepte de faire produire des jouets au nom de la marque. Un catalogue commun est créé ; la collaboration durera jusqu’en 1949.

Ce sont les premières automobiles miniatures Renault qui ont le droit de porter le logo de la marque. Lors de l’Exposition des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, le Jouet de Paris (J.E.P.) présente une Torpédo mais seuls les modèles réalisés à partir du milieu des années 1930 sont officiellement des jouets Renault. Le tout premier fabriqué sera un autocar Paris-Nice. Les enfants plébiscitent les reproductions des derniers modèles sortis des usines Renault plutôt que les moyens de transport plus originaux comme le téléphérique ou l’hydroglisseur qui figurent également au catalogue.

Ainsi, la miniature de la Celtaquatre connaît autant de succès que sa version grandeur nature. Cette voiture, produite entre 1934 et 1938 est présentée comme fiable et bon marché. Il s’agirait même de la « moins chère des conduites intérieures 5 places » selon l’affiche de 1936 conservée au musée des Années 30.

Plusieurs modèles se succèdent et c’est en octobre 1935 qu’est présentée au salon de l’Automobile la Celtaquatre type ADC1. Le dépliant de présentation vante sa « nouvelle ligne aérodynamique […] d’une élégance sans rivale ». Elle est confortable, puissante, maniable et son prix d’achat « très modique ».

Le musée des Années 30 conserve plusieurs exemplaires de Celtaquatre miniatures et parmi elles, un modèle bleu bicolore de type ADC1. Ce jouet mécanique – il comporte une clé – d’une trentaine de centimètres est particulièrement détaillé. Il est possible d’ouvrir les portières avant et d’observer le volant ainsi que les phares. Ce n’est pas le cas de toutes ces miniatures, comme la Celtaquatre jaune, également conservée dans les collections. Plus simple, les portières sont seulement dessinées et elle ne possède pas de volant. Ces automobiles miniatures sont fabriquées en tôle peinte et les détails comme les aérateurs sont symbolisés au pochoir.

Ces modèles fabriqués en série connaissent un grand succès auprès des enfants dans les années 1930 et participent à rendre familières les marques de constructeurs automobiles. Si la marque Renault ne fabrique pas elle-même ses jouets, elle les diffuse à grande échelle grâce à la publicité et aux expositions de dioramas. Pour accompagner ces objets miniatures, des garages et des stations-service sont imaginés. En 1935, Madame Renault distribuera ainsi 5000 jouets aux enfants du personnel.

Pour aller plus loin :

Collectif, Jeux et jouets dans les musées d’Ile-de-France, Paris musées, 2004.

Mick Duprat, Les jouets Renault, Rétroviseur, 1994.

François Theimer, Le guidargus des jouets de collection, Les éditions de l’amateur, 1990.