Qui est Tony Garnier ?

À l'occasion des journées nationales de l'architecture les 18, 19 et 20 octobre 2024, focus sur l'architecte de l'hôtel de ville de Boulogne-Billancourt

De Tony Garnier (1869-1948), on connait souvent la « Halle Tony Garnier », un ancien abattoir de Lyon devenu salle de spectacle. Cet architecte principalement connu pour son activité dans la région lyonnaise a également réalisé l’hôtel de ville de Boulogne-Billancourt inauguré en 1934.

    
Louis Muller, médaille en hommage à Tony Garnier, 1953 © Adagp, Paris, 2024. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt.

Après des études à l’École des Beaux-arts de Lyon et de Paris, en 1899, Tony Garnier remporte le Grand Prix de Rome à l’âge de 31 ans. Il s’agit d’un concours et d’une distinction majeure qui permet aux lauréats d’étudier à l’Académie de France à Rome. Les pensionnaires sont accueillis à la Villa Médicis et doivent consacrer leur formation à se confronter aux œuvres et édifices antiques. Chaque année, ils envoient le résultat de leurs travaux à Paris où ils sont exposés au public : c’est ce qu’on appelle les « envois de Rome ». Lors de sa troisième et quatrième année, l’architecte se consacre ainsi à l’étude des vestiges de la ville de Tusculum en proposant une restitution complète de la cité antique. Ces années de formation en Italie et les voyages autour de la Méditerranée effectués à cette occasion sont fondamentaux dans la carrière de Tony Garnier. Il acquiert une bonne connaissance de l’architecture classique et évolue dans un milieu d’émulation intellectuelle favorable aux échanges et à la réflexion. C’est à cette période que germe un des projets les plus importants de sa vie : Une Cité industrielle.

    
Tony Garnier, Une Cité industrielle, 1917-1918, Musées de la ville de Boulogne-Billancourt.

En effet, l’intérêt de l’architecte ne se limite pas aux bâtiments indépendants les uns des autres, il s’intéresse également à l’échelle urbaine. En 1917, après vingt années de réflexion, il publie donc un ouvrage qui présente sa vision d’une ville idéale pour 35 000 habitants. Le Musée des Années 30 conserve un exemplaire de la première édition de ce recueil de 164 planches. Les bâtiments sont regroupés par fonction, administrative ou sanitaire par exemple. Les quartiers d’habitation sont conçus pour répondre aux besoins de chaque foyer selon sa composition. Tony Garnier s’inscrit dans une longue tradition architecturale de villes idéales mais intègre à sa vision utopiste les préoccupations hygiénistes du début du XXe siècle. Ainsi, une place essentielle est consacrée aux jardins et à l’orientation des pièces pour donner de la lumière et faire circuler l’air. C’est la fonction des édifices qui dicte la forme. Cet ouvrage regroupe toute la pensée de l’architecte et le fera connaitre à l’international.

Garnier entretient de bonnes relations avec le maire de Lyon, Édouard Herriot, qui partage ses ambitions pour des villes nouvelles et lui confie des projets qui vont marquer le paysage urbain comme les abattoirs de la Mouche dans le quartier de Gerland. Ces derniers accueilleront en 1914, avant même d’être achevés, l’Exposition internationale urbaine de Lyon consacrée à l’urbanisme et à l’hygiénisme. L’affiche conçue par Tony Garnier accorde une place centrale à la grande halle des abattoirs qui servait de marché aux bestiaux. L’architecte conçoit autour un vaste ensemble de bâtiments permettant de répondre aux besoins d’abattoirs modernes et fonctionnels. À Lyon, il réalise plusieurs autres édifices publics comme la vacherie municipale, l’hôpital Édouard Herriot (anciennement Grange-Blanche), le stade de Gerland ou encore l’École de tissage. Il est également à l’origine du quartier d’habitation des États-Unis composé de 49 immeubles.



Tony Garnier, Affiche de l’Exposition internationale urbaine de 1914 à Lyon, Domaine public, Musées de la ville de Boulogne-Billancourt.

À l’occasion de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes qui se tient à Paris en 1925, Tony Garnier conçoit le Pavillon de Lyon-Saint-Étienne. Dressé au centre de l’esplanade des Invalides, il offre une vitrine au style de l’architecte : simplification des formes, dépouillement, rationalité et fonctionnalisme.


Pavillon Lyon-Saint-Étienne à l’Exposition des Arts décoratifs de 1925, carte postale (AR.C.P.53.1), Musées de la ville de Boulogne-Billancourt.

L’œuvre de Tony Garnier est principalement lyonnaise ou théorique, par son ouvrage Une Cité industrielle et les nombreux dessins de projets non réalisés. Le seul édifice majeur de l’architecte en dehors de la région est l’hôtel de ville de Boulogne-Billancourt commandé par le maire André Morizet et inauguré en 1934. Le plan connait plusieurs variantes avant de se fixer sur un édifice composé de deux parties, l’une pour les réceptions (comprenant les salons, la salle des mariages, du conseil ainsi que les bureaux du maire et de ses adjoints), l’autre pour les services à la population. Un grand hall des guichets permet de rassembler les principes chers à l’architecte : de la lumière et de l’air. Sa façade quant à elle n’est pas sans rappeler certaines planches d’Une Cité industrielle.  

Chloé Lendroit
Chargée des ressources documentaires