Un été olympique : quand des athlètes décorent des écoles

Du musée Paul Belmondo de Boulogne-Billancourt au lycée Malherbe de Caen, il n’y a qu’un pas… et c’est l’Athlète vainqueur aux flambeaux qui le franchit !

Normandie, Caen, lycée Malherbe. Sur la plaque nominative de l’établissement scolaire conçu en 1954 par l’architecte Pierre Dureil (1896-1985), la statue en bronze d’un jeune homme s’expose à la vue des passants. Ses jambes écartées y prennent appui et maintiennent un corps svelte s’étirant afin d’élever au plus haut deux flambeaux.

Lorsqu’il en reçoit la commande en 1962, Paul Belmondo (1898-1982) imagine initialement un Athlète vainqueur aux flambeaux debout sur un socle à l’apparence de colonne ionique de 6 mètres de hauteur. Si l’étude en plâtre exposée au musée Paul Belmondo ne retranscrit pas tout à fait la même rigueur dans la pose que l’œuvre finale, elle en présente les grandes lignes. Les formes simples et harmonieuses y sont mises au service d’un art néoclassique qui a fait la renommée du sculpteur tout au long du XXème siècle.

Paul Belmondo, Athlète vainqueur aux flambeaux, entre 1962 et 1965 © Adagp, Paris, 2022. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Philippe Fuzeau.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Paul Belmondo s’exerce à la représentation d’athlètes, l’un d’eux lui permettant même d’obtenir le Grand Prix des Beaux-Arts de la ville de Paris en 1956. Par leur perfection physique et idéalisée, ils sont souvent rapprochés de la figure divine d’Apollon, gardant parfois cette appellation. Son Athlète au repos ou Apollon au repos est ainsi créé vers 1958 pour décorer le terre-plein gazonné de l’École nationale de commerce conçue par l’architecte Pol Abraham (1891-1966) à Paris.

Mais pourquoi ces œuvres sont-elles ainsi exposées dans des établissements d’enseignement ? C’est dans un souhait de soutenir la création artistique contemporaine et d’en favoriser la rencontre quotidienne, que l’État met en place en 1951 un décret visant à ce qu’1% du budget de construction de l’Éducation nationale soit dédié à des travaux de décoration. L’État passe alors commande à de nombreux artistes pour orner des bâtiments scolaires, à l’instar de Paul Belmondo qui en reçoit 23 entre 1952 et 1973. Aujourd’hui, le 1% artistique s’applique à toutes les constructions publiques.

Philippine Lherbette
Chargée de médiation culturelle

Retrouvez cette œuvre, et plus encore, dans le parcours Artistes, à vos marques, prêts… Partez ! présenté jusqu’au 8 septembre 2024 dans les musées municipaux de Boulogne-Billancourt.