La sculpture à l’honneur ce printemps

À l’occasion du Printemps de la sculpture, découvrez plus en détails les nouvelles acquisitions du musée des Années Trente et du musée Paul-Landowski

La sculpture à l’honneur ce printemps

             

À l’occasion de la 6ème édition du Printemps de la sculpture, organisé par le Département des Hauts-de-Seine du 30 mars au 7 avril 2024, le musée des Années Trente et le musée Paul-Landowski vous invitent à découvrir leurs nouvelles acquisitions en patrimoine sculpté.

Pélican (vers 1925 – 1930) de Nathan Imenitoff (1884 – 1965)

Avec 13 sculptures, 2 peintures et 82 dessins réalisés par Nathan Imenitoff, le musée des Années Trente conserve le plus important ensemble d’œuvres de l’artiste en France. Né en 1884 à Rejitza, dans l’actuelle Lettonie, Nathan Imenitoff s’établit à vingt ans à Paris pour fuir le régime tsariste. Il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de la capitale et y étudie la sculpture. C’est à Boulogne-Billancourt qu’il décide d’installer son atelier en 1921.

Dans sa pratique, le sculpteur expérimente différentes matières, telles que le bois, le cuivre, le plomb ou encore la glaise. Son art met en scène différentes espèces d’animaux (oiseaux, serpents, batraciens) ainsi que le bestiaire fantastique inspiré de la mythologie grecque. En 1925, à l’occasion de l’Exposition internationale des arts décoratifs industriels et modernes de Paris, il réalise des groupes d’animaux sauvages en plomb martelé. La carrière de Nathan Imenitoff prend un essor durant l’entre-deux-guerres grâce à la relation amicale qu’il entretient avec l’architecte belge Henry Lacoste, qui lui confie la décoration des pavillons belges de l’Exposition coloniale de 1931 et de l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937.

Nathan Imenitoff, Pélican © Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Thierry Ollivier.

Proposé en don au musée des Années Trente par le petit-fils de l’artiste, ce Pélican (vers 1925 – 1930) en plomb martelé rappelle les créations de l’artiste pour les grandes expositions, et fait écho aux sculptures animalières d’Imenitoff déjà présentes dans les collections (Faucon, Serpent et Grenouille, datant de 1931). L’œuvre est aujourd’hui exposée dans la section du musée consacrée à l’art animalier pendant les années 1920-1930, mais s’inscrit également dans la valorisation des sculpteurs implantés à Boulogne-Billancourt dans l’entre-deux-guerres.

Vénus et Amour (vers 1941) et Femme assise (vers 1930) de Paul Cornet (1892 – 1977)

La présence du sculpteur Paul Cornet dans les fonds municipaux se voit elle aussi renforcée grâce à l’acquisition récente des deux plâtres Vénus et Amour (vers 1941) et Femme assise (vers 1930). Le jardin du musée Paul-Belmondo présente en effet depuis 2011 une sculpture en bronze de l’artiste, déposée par le Fonds national d’art contemporain et intitulée Baigneuse marchant (1946). Cette œuvre avait été initialement commandée par l’État en 1946 pour le château de Rambouillet.

Né en 1892 à Paris, Paul Cornet se forme à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Si ses premières œuvres sont marquées par des volumes synthétiques proches du cubisme, l’artiste revient ensuite à une figuration classique, portée également par les sculpteurs Aristide Maillol (1861 – 1944) et Charles Despiau (1874 – 1946). Il enseigne de 1929 à 1935 à l’Académie scandinave de Paris, qui rassemble des artistes suédois, norvégiens et danois.

     

De gauche à droite : Paul Cornet, Vénus et Amour (vers 1941), Femme assise (vers 1930) © Paul Cornet. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Thierry Ollivier.

Vénus et Amour représente une esquisse préparatoire à un groupe sculpté commandé en 1941 par l’État pour l’Orangerie de Meudon, et déposé depuis 1943 dans la mairie de cette ville. L’œuvre s’inscrit dans la tradition de la statutaire décorative par son thème et son utilisation. La sculpture Femme assise rappelle quant à elle des œuvres similaires réalisées par l’artiste autour de 1930, notamment une autre Femme assise exposée en 1932 et récompensée l’année suivante du Grand Prix de la Sculpture. Proposées en don par les l'une des petites-filles de l’artiste, ces œuvres viennent enrichir les collections du musée abordant les thématiques du nu, de la commande publique et des influences historiques.

Tête de soldat (étude pour Le Génie), La Tranchée (étude), La Mine (étude), vers 1922, de Marcel Loyau. Monument aux morts de Vernou-sur-Brenne

Artiste particulièrement bien représenté dans les fonds du musée des Années Trente avec 23 sculptures, Marcel Loyau (1895 – 1936) se forme à l’École des Beaux-Arts de Tours à partir de 1913. Ses ambitions artistiques se heurtent toutefois rapidement aux évènements historiques : Marcel Loyau est en effet mobilisé dans l’aviation lors de la Première Guerre mondiale. Combattant exemplaire durant le conflit, il reçoit de nombreuses décorations, dont la Légion d’honneur et la Croix de guerre.

Marcel Loyau est ensuite appelé à réaliser une série de monuments aux morts (Saint-Avertin, Bourse de commerce de Paris) et à la gloire de l’aviation. À partir de 1920, le sculpteur travaille à un monument aux morts pour la commune de Vernou-sur-Brenne (Indre-et-Loire), où il a passé son enfance. Sculpté dans le calcaire, l’obélisque de Vernou-sur-Brenne est constitué de 4 grands bas-reliefs montrant différents corps d’armée : l’infanterie, l’artillerie, le génie et l’aviation. La partie basse du monument comprend trois plaques de bronze représentant la cavalerie, la tranchée et la mine. Les trois reliefs de Marcel Loyau proposés en don par son petit-fils constituent également des esquisses pour ce monument aux morts. La tête de soldat prépare le grand relief du Génie, où un soldat creuse une tranchée. Les deux autres compositions, La Tranchée et La Mine, sont des études pour deux des reliefs de l’obélisque.

      

De gauche à droite, de haut en bas : Tête de soldat (étude pour Le Génie), La Mine, La Tranchée, vers 1922. Domaine public. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt.

Marcel Loyau est un artiste important pour l’histoire patrimoniale de Boulogne-Billancourt. Sa présence dans la ville est encore très marquée : son atelier y était autrefois installé, dans une rue depuis rebaptisée « rue Marcel Loyau ». Son œuvre Fontaine de cygnes, réalisée à l’occasion de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, est encore visible sur la place Denfert-Rochereau. Enfin, le sculpteur est également le fondateur, en 1934, de la Société des Beaux-Arts de la Boulogne-Billancourt. En hommage à l’artiste, la Société décerne chaque année, au cours de son Salon d’automne, un prix éponyme au meilleur artiste exposé.

Buste de Pierre Bertrand de Bonnechose (1919) de Paul Landowski (1875 – 1961)

Nombreuses sont les œuvres du sculpteur Paul Landowski (1875 – 1961) évoquant la Grande Guerre et l’expérience qu’il en fit. Incorporé en 1915 au 35e régiment d’infanterie territoriale puis affecté à la section de camouflage d’Amiens, Landowski est en effet sollicité pour réaliser après-guerre plusieurs monuments aux morts, tels que celui de l’École normale supérieure de Paris (1923), Le Bouclier aux morts de la mairie du 16e arrondissement à Paris (1928), ou Les Fantômes (1935) dans la plaine de Chalmont.

Paul Landowski, Buste de Pierre Bertrand de Bonnechose © Adagp, Paris, 2022. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Thierry Ollivier.

Au lendemain de la guerre, Paul Landowski sculpte le portrait du fils de Jeanne de Bonnechose, sa logeuse à Amiens lorsqu’il était dans la section de camouflage. Son modèle, Pierre Bertrand de Bonnechose, a alors environ dix ans. Landowski a représenté le jeune garçon dans une attitude rêveuse, le regard distant. Donnée par les trois neveux de Pierre Bertrand de Bonnechose, cette œuvre est désormais exposée au sein musée Paul Landowski, aux côtés d’autres bustes d’enfants. Tout comme Marcel Loyau, Paul Landowski continue de marquer la vie culturelle boulonnaise, en particulier par la présence d’un musée dédié à son œuvre. C’est notamment dans son atelier de Boulogne-Billancourt que l’artiste a réalisé la maquette en plâtre du célèbre Christ Rédempteur (1931) de Rio de Janeiro.

Virginie Cardoso,
Cheffe du service des publics, de la programmation culturelle et du patrimoine

Pour aller plus loin : Dossiers d’œuvres du musée des Années Trente