Museum week jour 3 #Jouer ensemble
mercredi 04 juin 2025
Au musée aussi, on peut jouer ! Avec et à travers les œuvres …
Le mercredi, c’est le jour des enfants, et des enfants au musée il y en a parmi les visiteurs mais aussi dans les œuvres ! Ils sont synonymes d’innocence mais aussi de jeu, d’apprentissage, et de curiosité. Nous vous invitons à #JouerEnsemble avec Olivier, régisseur technique, et Yoyo, au bord de l’eau avec Yunfei, agent d’accueil et de surveillance ; et à la campagne avec Séverine, assistante de direction.
Albert Braïtou-Sala, Yoyo, 1927
Albert Braïtou-Sala, Yoyo, 1927 © Adagp, Paris, 2025. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Philippe Fuzeau.
Olivier porte une affection toute particulière à cette peinture d’Albert Braïtou-Sala. C’est un jeune garçon, vêtu de vêtements élégants et typiques de cette période : une culotte courte, un veston orné de boutons dorés, des souliers vernis et des chaussettes blanches. Olivier attire notre regard sur un détail subtil : « Il manque peut-être un bouton à son gilet, ou cela pourrait être une intention délibérée du peintre. » La coiffure du garçon, avec une mèche tombante entre les deux yeux, est également caractéristique des années 1920.
Le jeune garçon tient un fruit dans sa main gauche, jouant peut-être avec, tandis que sa main droite repose dans sa poche. Il semble en train de poser pour le peintre. Pour Olivier, le jeu est très important pour les enfants, c’est même vital qu’ils continuent à jouer. En arrière-plan, un guéridon avec une grande coupe remplie de fruits évoque une nature morte. Les couleurs employées dans cette œuvre sont sobres, dominées par des tons sombres tels que le blanc, le noir et le marron. Cela crée « une scène à la fois intime et évocatrice ».
Ce tableau touche profondément Olivier en raison de l’histoire tragique qu’il nous raconte : « Pendant la Seconde Guerre mondiale, ce jeune garçon, alors âgé de 17 ans, se promenait dans Paris avec son cousin et sa cousine. Sur sa veste, il portait une croix de David, que ses proches n’arboraient pas. Lorsque ses cousins furent arrêtés, Yoyo refusa de les abandonner. Il fut déporté avec eux et trouva la mort en camp de concentration, à un âge relativement jeune ». Cette histoire personnelle confère à l’œuvre une dimension poignante, renforçant l’engagement d’Olivier pour le devoir de mémoire. Selon lui, « oublier, c’est faire renaître les conflits ».
Jean Despujols, La partie de pêche, 1925
Jean Despujols, La partie de pêche, 1925 © Jean Despujols. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Philippe Fuzeau.
Lorsque Yunfei s’approche de ce tableau, un sourire illumine son visage : « il y a une bonne ambiance, ils s’amusent, ils sourient, c’est les vacances ! ». En effet, on y voit un groupe de jeunes gens s’adonnant à la pêche et s’amusant au bord de l’eau. Les deux femmes se distinguent par leurs vêtements, la première a une robe inadaptée à cette activité tandis que la seconde porte un maillot et un bonnet de bain caractéristiques des années 1920. En observant attentivement, on constate que la scène est figée à un moment décisif : les deux femmes sont venues au secours d’un pêcheur dont le poisson suspendu au bout de la canne semble trop lourd, elles risquent alors de tomber dans l’eau ! Pour Yunfei, c’est même sûr, « elles vont tomber dans l’eau, l’une des deux femmes n’a déjà plus qu’un pied à terre ». Dans le fond, un homme accourt pour les aider.
Le décor évoque également l’esprit des vacances : un grand ciel bleu, des falaises majestueuses, des couleurs jaune-oranger qui rappellent la lumière dorée d’un après-midi ensoleillé. Cette dernière met en valeur la musculature des deux hommes bronzés. L’artiste a utilisé la technique de la peinture en réserve qui consiste à laisser visible le support. On le remarque particulièrement dans le traitement de l’eau en alternance avec les tourbillons. Cela apporte du mouvement et suggère que le poisson vient d’en sortir.
Ce qui ressort vraiment du tableau pour Yunfei, c’est « la joie » capturée dans ce moment pris sur le vif qui, bien que potentiellement périlleux, ne saurait entacher la bonne humeur de ces jeunes gens, car ils sont en vacances !
Pierre Bobot, Plaisirs champêtres, 1936
Pierre Bobot, Plaisirs champêtres, 1936 © Droits réservés. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Henri Delage.
Ce vaste paravent situé au 2e étage du musée est une des œuvres préférées de Séverine. Elle est immédiatement transportée dans ses souvenirs d’enfance, ses vacances à la campagne emplies de joie, qui ont contribué à « son épanouissement et à sa découverte du monde ».
Composé de huit panneaux, il dévoile « une fresque enchanteresse représentant la campagne française des années 1930, à l’époque des premiers congés payés ». Ce qui attire l’œil de Séverine, c’est le « fond blanc travaillé avec finesse pour obtenir un effet craquelé subtil, évoquant la texture du vieux cuir, contrastant avec des couleurs profondes et vibrantes ». À cela, il faut ajouter le vert des espaces champêtres et des eaux sinueuses, ainsi que des touches de rouge et d’orange pour les personnages, les animaux, les fruits.
Le cours d’eau fait office de fil conducteur en reliant les différentes scènes de vie : des activités sportives (aviron, kayak, cyclisme, natation), des jeux enfantins (colin-maillard), d’autres évoquent les moments conviviaux des vacances : la danse, les premières guinguettes en plein air, la sieste sous les arbres … En fait, cette œuvre richement détaillée, lui « fait penser à un labyrinthe ou à un jeu de piste », « On a l’impression d’être dans un jeu « cherche et trouve » ou dans la série de livres-jeux « Où est Charlie ? », notre regard est attiré dans toutes les directions pour déceler l’intrus » nous confie-t-elle.
Séverine, ancienne enseignante, est particulièrement sensible à la thématique du jeu qui constitue pour elle un moyen privilégié pour l’apprentissage et l’éveil de la curiosité. En fait, « l’œuvre nous rappelle que le jeu, dans sa capacité à rassembler, favorise l’acquisition de compétences sociales et cognitives, stimulant la créativité et la soif de découverte », elle « invite le spectateur à s’attarder sur chaque geste, à ressentir la joie de vivre, et à comprendre que le partage des jeux n’est pas seulement divertissant, mais aussi profondément humain et formateur ».
Revivez les jours précédents de la Museum week 2025 : Jour 1 #EnsembleAvecLesMachines - Jour 2 #EnsembleEnMouvement