Museum week jour 4 #Vivre ensemble, les humains et la nature

Harmonie, acceptation, richesses et échanges culturels

« #Vivre Ensemble, les humains et la nature » est un thème ambitieux qui met à l’honneur l’acceptation, le respect des différences mais aussi la richesse des mélanges culturels et des communautés artistiques. L’École de Paris, à laquelle une section du musée des Années 30 est consacrée en est le parfait exemple : elle regroupe des artistes pour beaucoup étrangers venus travailler dans la capitale française durant la 1ère moitié du XXe siècle. Ces échanges culturels ont favorisé une œuvre plurielle riche de multiples influences.

 

Découvrons aujourd’hui le portrait de Foujita, peintre japonais arrivé à Paris en 1913, avec Rémi, conservateur du patrimoine et directeur des musées de Boulogne-Billancourt. Notre voyage se poursuit avec d’autres œuvres bien différentes, où les êtres vivants vivent en harmonie comme nous l’expliquent Jocelyne et Najoua, agents d’accueil et de surveillance. Enfin, Virginie, cheffe du service des publics, revient sur le projet de monument à la gloire de l’Humanité porté par Paul Landowski.

 

Arbit Blatas, Foujita


Arbit Blatas, Foujita © Arbit Blatas. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Philippe Fuzeau.

Cette petite huile sur papier a immédiatement capté l’attention de Rémi. Elle représente le portrait du peintre Foujita, par Arbit Blatas. Il est facilement reconnaissable avec « ses petites lunettes rondes, sa coupe de cheveux « à la chien » et sa moustache ». Son expression, à la fois songeuse et malicieuse, insuffle une vie palpable à cette toile, « tandis que la technique de l'huile sur papier évoque une légèreté presque calligraphique, rappelant ainsi ses racines japonaises » décrit Rémi.

En fait, cette œuvre est une véritable invitation à plonger dans l'univers artistique du début du XXᵉ siècle à Paris. Foujita arrive à Paris en 1913, dans un milieu artistique cosmopolite où des artistes d'origines diverses (Europe de l’Est, Italie, Espagne…) se rencontrent et échangent. Ce creuset culturel est le reflet d'une époque où l'art transcende les frontières, et Foujita, par son œuvre, établit un dialogue entre l'art asiatique, auquel il s’est formé à l’école des Beaux-Arts de Tokyo, et l’art occidental. Son parcours, marqué par des tensions entre ses racines japonaises et son amour pour l'Europe, « témoigne d'une quête d'harmonie et de paix, notamment à travers la Chapelle Notre-Dame-de-la-Paix à Reims dédiée à la paix et à la fraternité entre les peuples ». Rémi connait bien l’œuvre de Foujita, ayant étudié à Reims et ayant travaillé au plus près de ses œuvres. Il a « beaucoup d'admiration pour un artiste qui a su demeurer fidèle à son style unique malgré les évolutions artistiques de son époque ». Il aime tout particulièrement l’idée de cette rencontre improbable entre Arbit Blatas, un peintre juif d’origine lituanienne et Foujita, un Japonais fils de général. Pour lui cela « illustre véritablement la richesse de l'École de Paris », cette possibilité de tisser des liens entre des cultures différentes. C'est un message d'ouverture et de respect qui résonne encore aujourd'hui.

 

Amédée de la Patellière, Repos dans les champs, 1926


Amédée de la Patellière, Repos dans les champs, 1926. Domaine public. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Thierry Ollivier.

C’est la fin de l’été. Après une journée de travail éprouvante dans les champs, trois femmes se reposent à l’ombre des arbres profitant d’une pause bien méritée. La chaleur est intense, Jocelyne remarque que le soleil a déjà laissé son empreinte sur l’environnement : le sol semble brûlé et les feuilles prennent une teinte marron. Pour se protéger des rayons du soleil, elles utilisent des chapeaux ou se couvrent le visage avec le bras. Ces femmes sont allongées sur le sol, en position de repos. Elles ont travaillé dans les champs, en témoignent leurs sabots et leurs outils à leurs pieds. Un chien dort à côté de l’une d’elles, tandis qu’un bœuf tente de s’emparer de son chapeau, « elles sont peut-être leurs propriétaires ! » suggère Jocelyne. En effet, on voit qu’elles ne les craignent pas mais vivent en harmonie avec les animaux, ayant l’habitude de cohabiter et de travailler ensemble.

Jocelyne apprécie cette lenteur, cet apaisement et cette invitation au repos en opposition au rythme effréné de nos vies modernes. Elle-même fille d’agriculteur, elle est familière de ce paysage même si, déjà, ses parents ne vivaient plus comme ça. Pour elle, cela représente une sorte d’âge d’or, de jardin d’Eden où il fait bon vivre, ou plus simplement une pause dans sa journée. Elle souligne la pénibilité du travail physique des agriculteurs, une réalité qui perdure aujourd’hui, alors que la nécessité de produire toujours plus se fait présente. Dans ce tableau, tout le monde vit « en symbiose ».

 

Jean Bouchaud, Cour d'amour au Laos, 1943


Jean Bouchaud, Cour d’amour au Laos, 1943 © Adagp, Paris, 2022. Musées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Philippe Fuzeau.

Najoua a re(découvert) cette œuvre lors de l’exposition consacrée au peintre Jean Bouchaud organisée en 2021 au musée des Années 30. Des couples et des groupes sont réunis dans une vaste cour en plein air. La nature à l’arrière-plan est idyllique, apaisante. Au premier plan, un couple semble échanger tendrement, tandis qu’à droite, une femme avec son enfant attire l’attention. D’autres femmes discutent plus loin. Au fond, des cavaliers vêtus d’habits traditionnels colorés. C’est une ambiance « simple, authentique ». La chaleur semble accablante : les ombrelles sont de rigueur et les individus peu habillés.

Selon Najoua, cette œuvre illustre parfaitement le concept de vivre ensemble en harmonie avec la nature : les personnes réunies partagent des moments de complicité, d’amour et de spiritualité, en communion avec leur environnement. La toile met aussi en lumière « la richesse des liens sociaux et affectifs qui unissent ces individus », « la diversité des expressions de la vie en communauté, dans un cadre où la nature joue un rôle central ».

Ce tableau délivre pour Najoua un message puissant qui encourage la liberté individuelle et l’expression authentique de soi, dans un cadre naturel et sans jugement. Cela lui rappelle ses souvenirs d’enfance, où la liberté du corps n’était pas taboue.

 

Paul Landowski, Le temple de l’homme

Ce projet très ambitieux d’ensemble monumental imaginé par Paul Landowski n’a malheureusement jamais vu le jour. « Il avait une vocation humaniste : créer un monument à la gloire de l’Humanité » nous explique Virginie. Rien que ça ! Ce projet architectural comprenait quatre murs (Mur de Prométhée,Mur du Christ, Mur des légendes ou du Héros et Mur des Hymnes), deux portes monumentales (Porte de Psyché et Porte d’Asclépios) et au centre du parvis un groupe sculpté des fils de Caïn. En fait, tous ces éléments peuvent s’apprécier séparément. Il s’agit donc d’une œuvre très complète qui associe architecture et sculpture.

  
Paul Landowski, Mur de Prométhée, 1925 et Les Fils de Caïn © Adagp, Paris, 2022. M
usées de la ville de Boulogne-Billancourt - Photo Philippe Fuzeau.

Pourtant, les détails ne sont pas négligés, au contraire : il est possible d’y voir une multitude de références culturelles. Sur le Mur de Prométhée par exemple, ce sont des sujets mythologiques et philosophiques. C’est ce qui intéresse tout particulièrement Virginie qui y voit une dimension spirituelle, « l’idée était d’en faire un lieu dans lequel les hommes se rassembleraient pour réfléchir ensemble à l’avenir de l’Humanité dans une perspective pacifiste ». Pour cela, les Hommes sont représentés dans leur universalité, il est possible de reconnaître des figures politiques, religieuses ou encore philosophiques.

Paul Landowski voulait créer cet édifice pour la Société des Nations à Genève (ancêtre de l’ONU), il y travaille pendant des dizaines d’années. Virginie souligne son engagement, l’idée de créer une œuvre totale mais aussi toutes les références culturelles mobilisées au service d’un seul et même projet. Intéressée par les écrivains de cette période, elle y retrouve l’influence d’auteurs comme Romain Rolland. Pour elle, la portée pacifiste du projet est encore plus importante dans le contexte de l’entre-deux-guerres parce que « ces auteurs, ces artistes, ont vu leur monde s’effondrer ».

Revivez les jours précédents de la Museum week 2025 : Jour 1 #EnsembleAvecLesMachines - Jour 2 #EnsembleEnMouvement - Jour 3 #JouerEnsemble